Vélomagus, récit d'un vélotafeur accidenté.

Avec la police

Comme toute agression, que l'on sache le coupable ou pas, il faut aller porter plainte à la police.

J'ai donc été accueilli par le brigadier en charge de l'enquête en personne. Il sera mon seul et unique interlocuteur. Après s'être inquiété de mon état de santé, il va me détailler les éléments en leur possession car l'enquête a débuté quelques heures après cet accident.

"Vous savez Monsieur, vous êtes un miraculé. Tous les ans, j'ai toujours un miraculé. Là je commençais à désespérer." (Nota : nous étions le 26 décembre au moment de l'accident, la fin de l'année approchait à grand pas). Derrière cette affirmation étrange, il ne faut pas voir de mal, les personnes qui font ce métier voient des choses pas drôles. Il est normal que quelqu'un, qui doit enquêter souvent sur des histoires qui se finissent beaucoup plus mal que la mienne, se réjouisse d'une issue plutôt heureuse.

C'est ainsi qu'il me décrit l'état actuel de l'enquête. Malheureusement, et sans le savoir à ce moment là, finalement l'enquête n'avancera pas davantage faute de preuves.

Avant de vous faire le récit supposé des faits constatés par la police, voici des éclaircissements :

- Dans le véhicule qui m'a percuté, ils étaient deux. On peut le voir facilement sur les images de vidéosurveillance. Ce qui veut dire que deux personnes ont sciemment fait un délit de fuite après avoir dégommé sans façon un cycliste.
- Dans le milieu de la livraison de colis, faisant appel à de nombreux auto-entrepreneurs à la limite de la légalité, il est très courant de s'échanger des colis entre prestataires pour gagner du temps. Dans mon cas, le colis livré juste avant l'accident a été livré au nom de Chronopost. Je remercie au passage Chronopost de s'être foutu royalement, avec une puissance infinie, de cette atteinte à mon intégrité. Aucun mot, aucune attention particulière, le néant.
- Grâce aux caméras de vidéosurveillance, les policiers ont pu déterminer le modèle de véhicule et la plaque d'immatriculation. Ils ont ainsi découvert que ce véhicule aurait dû être immatriculé et donc circuler en Pologne depuis trois ans.
- J'avais une caméra embarquée sur mon vélo, mais la violence du choc a empêché les dernières secondes de s'inscrire sur la carte SD (vidéo visible au début de la rubrique "L'accident" de ce site).

Voici le récit supposé des faits :

C'est le 26 décembre, la veille était un jour férié, ces deux livreurs ont donc du pain sur la planche ce qui explique qu'ils soient deux. Ils récupèrent leurs colis, peut-être en échange avec d'autres pour s'entraider. Après une livraison, pour une raison que tout le monde ignore, ils percutent un cycliste en grillant un cédez-le-passage qui est connu de tous. Non seulement ils ont encore beaucoup de colis à livrer (il est 8h10), mais ils savent que ce véhicule n'est pas censé être en France. Pire encore, il n'est certainement pas assuré. S'ils s'arrêtent pour porter secours, non seulement ils sont dans la merde, mais ils en mettent d'autres aussi dedans. Personne n'a vu, donc ils se tirent et croisent les doigts. Je pense qu'ils ont vite fait disparaître le véhicule.

Lorsque le brigadier en charge de l'enquête m'a évoqué les images de vidéosurveillance, j'ai montré ma volonté de les voir. Car c'est là mon plus grand désarroi. Je n'ai aucun souvenir et c'est très frustrant de ne pas en avoir. Malheureusement, bien que m'aidant à mettre des images sur ce cataclysme, ceci ne me fera par retrouver la mémoire.

 

Je signe donc cette plainte contre X, la curiosité rassasiée par les éléments fournis par le brigadier. Le sentiment d'injustice par contre est toujours là et ne me lâchera pas. Je pressens déjà une issue qui ne sera pas favorable. C'est peut-être ce qui m'aidera à accepter cette fatalité.