Vélomagus, récit d'un vélotafeur accidenté.

La reprise du vélo!

Dès Février, soit un petit peu plus d'un mois après cet accident, a déjà germé dans mon esprit la reprise du vélo. Le corps n'était pas prêt mais l'esprit oui. Et puis bien étrangement au fil du temps c'était comme si mon esprit s'endormait. Mon envie de faire du vélo diminuait au fil des injonctions familiales et extra-familiales en faveur d'un abandon du vélotaf (méthode Coué ?). C'était sans compter ... Nicolas Hulot. Oui vous avez bien lu.

En ce début septembre 2018, les médias sont en plein émoi lors de l'annonce surprise de la démission de Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique. J'ai beaucoup d'admiration pour cet homme et je suis sidéré. Si lui, avec toute l'énergie qu'il a déployé, n'est pas capable de faire bouger les lignes qui le peut en vérité ?

La réponse, Nicolas Hulot la donnera de lui-même lors de son discours de passation de pouvoir. Je comprends qu'il ne sert à rien de croire en un homme providence qui va avoir la solution à tout. Car cet homme ou cette femme n'existe pas. Pas de super-héros. C'est en prenant chacun la mesure de nos actes que nous pouvons changer les choses qui, additionnées, auront un poids.

Ce soir là, je regarde mes enfants et ma compagne. Et je réalise qu'un des plus bel acte que je pourrais accomplir, c'est de me remettre en selle. En particulier pour léguer à mes enfants un monde meilleur. Je sais, cet acte, c'est une goutte d'eau dans l'océan. Mais si un jour ils me demandent ce que j'ai fait pour leur avenir, je leur répondrai que j'ai vaincu une des peurs les plus terribles. Sans compter les désapprobations (légitimes) familiales quitte à passer pour un irresponsable.

Ce cheminement, je le répette, a été vraiment "bien perçu" par ma compagne. Disons qu'elle a bien compris l'enjeu. Mais cela ne s'est pas fait sans négociation.

C'est ainsi que tout l'hiver, comme je l'ai déjà dit, j'ai fait comme ce que beaucoup encore de personnes font : j'ai pris la voiture pour aller au travail. Mais dans ma tête j'avais gardé ce pacte. Dès le printemps, je pourrais me remettre en selle. Déjà des signes avant-coureurs positifs sont apparus. Par exemple l'achat d'un autre vélo du même modèle que celui accidenté, ou même tous les vêtements qui servent à éviter la pluie. Presque exactement les mêmes. Comme si rien ne s'était passé.

Et la reprise, ce moment tant attendus, est arrivée le 18 mars 2019. Plus d'un an après le retour de l'envie de vélotaffer.

Ce serait vous mentir que de vous dire que le départ a été comme les autres. Le petit bisous aux bambins et à ma compagne était chargé d'émotion. Le dernier salut de la main, tellement similaire à celui qui a faillit être le dernier de ma vie, a été un moment vraiment difficile à surmonter. Puis, passé ce moment, l'inquiétude s'est envolée. Mes muscles ralaient mais jétais aux anges sous ce beau ciel bleu printanier. Je redécouvre tout, voire mieux. Certains segments dangereux ont été améliorés durant ma convalescence. Et j'arrive sous les yeux ébahis de mes collègues. Pour eux je suis un revenant, un fou, un guerrier.

Pourtant je n'aurais jamais été aussi "fort" sans ma compagne, mes enfants et .... Nicolas Hulot.