Vélomagus, récit d'un vélotafeur accidenté.

La reprise du travail

Peu à peu, la forme est revenue. Et au fil des consultations chez le médecin est arrivée la nouvelle tant attendue : la reprise du travail. Cette dernière était conditionnée à plusieurs critères. Il fallait que je sois psychologiquement prêt (ça c'était bon depuis quelques temps déjà) et que je retrouve une mobilité suffisante du genou pour pouvoir conduire. J'ai bien pensé à prendre les transports en commun mais après discussion avec le médecin il aurait fallut que je me lève beaucoup plus tôt (et donc entamer ma forme). Mieux encore, l'arrêt de bus le plus proche de mon travail se situe à 10 minutes de marche rapide ce qui n'était pas du tout envisageable pour quelqu'un de fraichement ligamentoplastié. J'ai donc, je l'avoue, préféré la facilité.


Mes trajets en voiture m'auront permis de redécouvrir les joies des bouchons et pour passer le temps, comme beaucoup de gens, j'écoute la radio. Sauf que tout m'ennuie profondément. Les émissions de faux-jeunes de 35 ans qui se gargarisent sur des blagues d'ados m'énervent, et les infos ne sont pas réjouissantes. J'ai besoin de garder ma sérénité. Et là en cherchant au hasard je tombe sur TSF Jazz. Ce genre musical, qui me paraissait jusqu'alors trop pointu, s'ouvre à moi. Je ne sais pas pourquoi mais toutes ces notes m'élèvent et parviennent à me garder dans cette quiétude.

C'est ainsi que le 12 juin 2018, je reprends le travail en toute sérénité. Auparavant je m'étais entretenu avec ma chef qui m'a trouvé un poste aménagé aux petits oignons histoire de ne pas trop mobiliser le genou et de me remettre très progressivement dans le rythme. J'étais donc en binôme avec un collègue. Et ça n'était pas du luxe car j'ai reçu un tsunami de compassion de la part de tout le monde. Je bosse dans une usine de 130 employés et ces premiers jours j'ai dû inlassablement répondre à toutes ces personnes qui me demandait comment j'allais, où en était l'enquête, etc. J'en avais plus qu'assez, ça me fatiguait mentalement de répondre toujours la même chose. Et pourtant la bonne intention des gens était tellement positive et généreuse que je ne me voyais pas les envoyer paître.

Tout allait pour le mieux. Mais jusqu'alors je ne vous ai pas évoqué un phénomène très particulier : mes "crises". En fait, quelques mois après mon accident, j'ai commencé à avoir des troubles étranges. A quelques heures d'intervalles (par récurrence de trois semaines-un mois) je pouvais me retrouver complètement encapsulé dans ma tête à revivre des rêves ou des souvenirs, isolé du monde extérieur bien que conscient de ce qu'il s'y passe. Jusqu'alors je ne m'étais pas inquiété car je pensais que c'était des conséquences des traitements. Seulement voilà, quand j'ai repris le travail je n'étais plus sous traitement. Avoir ce genre de problème bien au chaud chez soi c'est gérable. Dans un contexte de travail où je suis même amené à prendre la voiture c'est hautement plus dangereux. Des collègues ont assisté de l’extérieur à une "crise" et m'ont fait part de leur inquiétude face à cet isolement soudain.

En accord donc avec mes supérieurs j'ai pris rendez-vous avec la médecine du travail qui n'a fait que botter en touche en me conseillant de consulter mon médecin traitant (que je vois tous les mois). Bravo les gars! Merci pour le conseil.

A part ça, la reprise en force dans le travail a été douce et progressive de telle sorte que maintenant je suis capable de travailler comme avant. Sauf lors des périodes de "crises mensuelles".

Ceci m'a permis également pendant tout ce temps d'essayer de régler le torrent administratif qui sévit depuis le début de cette histoire. Accrochez-vous...